De Roscoff à Bénodet
Dix jours à caboter avec Soprano le long de la côte des légendes, des îles de la mer d’Iroise et de la côte de Cornouailles, c’est le sort réservé à Alain et Daniel qui encadraient deux bordées : l’une de Roscoff à Brest et l’autre de Brest à Concarneau.
Certes le soleil de juin s’est montré bien timide, mais comme on dit, «en Bretagne il fait beau plusieurs fois par jour» et surtout en soirée. Cela tombait plutôt bien puisque chacune des étapes se terminait suffisamment tôt dans l’après-midi pour laisser aux membres de l’équipage le loisir de découvrir ou redécouvrir les différents ports et mouillages de la croisière.
Roscoff – Brest
Pour la première bordée de Roscoff à Brest, ce sont les Christines, Olivier et Yves qui constituent l’équipage avec Alain et Daniel. Ils commencent le séjour par une soirée au restaurant partagée avec le bord précédent ; une manière bien agréable de se passer le relais.
La première étape de Roscoff à l’Aber-Wrac’h commence par le magnifique et étroit passage entre la côte et l’île de Batz. Les 30 miles qui suivent sont avalés en 6 heures dans une mer houleuse l’occasion de s’amariner avant d’attaquer les mers souvent brassées de l’Iroise. Soprano remonte tranquillement l’aber dans le milieu de l’après-midi. Le temps d’une balade puis tout l’équipage s’emploie à étudier les marées et courants de l’étape du lendemain qui doit l’emmener sur l’île mythique d’Ouessant. L’objectif fixé est d’arriver en milieu d’après-midi sur l’île pour profiter de la soirée sur le site.
La navigation entre l’Aber-Wrac’h et Ouessant se déroule comme prévu ; c’est à l’arrivée, au mouillage de la bouée de la baie de Lampaul, que la surprise se trouve et que l’équipage assiste à un spectacle inattendu. Il s’agit de la rencontre avec Randy.
« Dans cette magnifique baie de Lampaul un splendide dauphin, baptisé Randy, a depuis quelques temps pris ses quartiers. Et il a pour habitude d’accueillir les voiliers de manière assez surprenante. L’équipage de Soprano a fort heureusement été épargné par ses facéties. Nous nous sommes amarrés à la bouée sans encombre, ce qui n’a pas été le cas du voilier qui arrivait en même temps que nous. A chacune des tentatives de ces infortunés marins pour crocher dans l’anneau de la bouée, Randy prenait un malin plaisir à écarter la bouée à grand coup de nez au grand amusement des autres navigateurs. Les « victimes » de l’habile dauphin ont dû s’y reprendre à trois fois pour enfin parvenir à s’amarrer. Malicieux, le cétacé semblait même devancer leurs intentions car dès qu’ils s’orientaient vers une nouvelle bouée le scénario repartait de plus belle. La scène tout aussi incroyable que surprenante a duré une bonne quinzaine de minutes toujours sous les acclamations et les rires du public.
En réalité, Randy n’est pas là pour amuser la galerie. Les agissements du dauphin ont leur explication. Comme on pourrait le penser, il ne s’est pas échappé d’un centre aquatique mais a été entraîné plusieurs années auparavant par la marine nationale pour écarter les mines à l’approche des navires. Fort heureusement Randy a échappé à sa périlleuse mission mais les réflexes sont restés ancrés dans sa mémoire. Tout comme celui de se placer à l’arrière du bateau pour obtenir une récompense après son devoir accompli. Ignorant alors le passé de Randy l’équipage du voilier ciblé n’a pas flatté le dauphin, bien au contraire. Lassé par l’espièglerie de l’animal, les noms d’oiseaux ont davantage fusé que les remerciements. Fort attristés en apprenant, mais trop tard, l’histoire du dauphin, les marins se sont promis, s’ils revenaient à Ouessant, de récompenser généreusement l’altruisme de Randy. Pour qu’il soit désormais accueilli et remercier comme il se doit, racontez l’histoire autour de vous.»
A la suite de ce spectacle digne d’un « Marineland » l’équipage descend à terre, inquiet de voir Randy venir chatouiller l’annexe, et foule avec une grande exaltation le sol de cette île du bout du monde.
Le lendemain Soprano prend cap sur Brest et fait escale à Camaret avec une arrivée sous une pluie battante. Le dimanche il ne reste plus qu’un saut de puce pour atteindre le port du Château à Brest.
Olivier, Yves et une des deux Christine débarquent avec grand regret alors que Sergio monte à bord pour constituer une nouvelle bordée confortable de 4 marins sur Soprano.
Brest – Bénodet
Lundi 21 juin, avitaillement à Brest avant de quitter le port à 13h15. 16h00 arrivée à Camaret. Le vent souffle, un BMS est annoncé avec avis de grand frais.
Mardi 22 juin, le temps ne nous a pas permis de reprendre la mer, nous avons passé la journée au port de Camaret.
Le lendemain, départ de Camaret à 3h30 en raison de la marée. A 11h15 stop à Sainte Evette pour prendre un petit déjeuner. Temps splendide. Nous avons patienté sur bouée jusqu’à 13h30 pour attendre la pleine mer pour nous permettre de rejoindre le port d’Audierne. 14h00 arrivée à Audierne, nous avons déjeuné à bord puis balade dans la ville sous le soleil et la chaleur. Le soir nous avons dégusté des langoustines achetées dans l’excellente poissonnerie du port et les fameuses glaces Jampi, une marque de la région, ont fini de régaler nos papilles.
Jeudi 24 juin, départ du ponton à 5h15. Sitôt sortis du chenal, nous hissions la GV + Génois. Le vent nous a joué des tours, reprise du moteur puis retour à la voile sur les coups de 10h28. Arrivée à Loctudy à 14h00. En soirée visite de Francine et Manu.
Vendredi 25 juin : LOCTUDY/CONCARNEAU nous avons quitté le ponton de Loctudy à 9h00 pour prendre la direction des Glénan. Pas de mouillage de prévu mais nous avons sillonné entre les rochers, très nombreux dans cette zone, pour faire le tour des îles. Arrivée à Concarneau à 14h35. Soirée crêpes à bord en compagnie de Anne qui nous a rejoint pour la soirée.
Samedi 26 juin : Dernière étape : CONCARNEAU/BENODET. A 9h30, nous quittions le port de Concarneau. Nous avons rejoint Bénodet au moteur car il n’y avait pas de vent. Finalement à 11h00 arrêt moteur pour finir à la voile jusqu’à Bénodet.
Treize heures sonnaient à l’église de Bénodet. Fin de notre navigation.